top of page

Les collectifs de jardins comme alternative

au modèle pavillonnaire.

 

Résultats des recherches conduites de 1998 à 2013 sur le Brésil, la France et la Russie. Avec l'appui du Programme GESSOL 3 de l'ADEME et du ministère en charge de l'environnement.

 

 

Résumé

 

Le rapport présente les résultats du programme de recherche intitulé L’utilisation des sols urbains et périurbains pour le développement durable des villes. Ce programme fait suite à un projet présenté par Louiza Boukharaeva et Marcel Marloie suite à l’appel à propositions GESSOL 3 Sols et développement durable du 25/09/2008. Il a fait l’objet d’une convention signée en septembre 2009 par le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM), et la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH).

 

La recherche vise à élaborer des propositions d’utilisation des sols urbains et périurbains qui soient plus durables sur le plan social et environnemental que les pratiques actuellement dominantes en France, en particulier le modèle pavillonnaire.

 

Elle porte centralement sur l’étude des collectifs de jardinage urbain de Russie et de France, et dans une moindre mesure d’autres pays de l’Union européenne et du Brésil. Ce secteur d’activité est abordé à partir de la théorie de l’agriculture urbaine. Il est contextualisé historiquement et mis en rapport avec les problèmes de l’inégalité d’accès des urbains aux sols et à la nature, de l’environnement, de la pauvreté et de la violence urbaine. Il est traité de manière à évaluer sa dimension et ses fonctions. L’exemple russe sert de miroir pour lire la réalité française et ouest européenne. Il incite à réfléchir sur les limites de l’injonction actuelle : « construire la ville sur la ville », qui vise à lutter contre l’étalement urbain, mais risque d’accroître les problèmes d’inégalité, de pauvreté et de violence urbaine.

 

Les recherches en Russie  montrent que ce secteur y touche entre la moitié et les deux tiers des urbains, et remplit de multiples fonctions : alimentaire, de villégiature, d’’extension de l’habitat urbain, d’amortisseur des crises et de renforcement de la résilience sociale. Ce n’est pas un héritage du passé rural ni une singularité du régime soviétique, condamnée à disparaître avec lui,  mais une conquête sociale et l’invention d’un modèle spécifique de rapport entre l’urbain et la nature.

 

Au regard de ce phénomène, la France apparaît marquée par une profonde inégalité dans l’accès des urbains aux sols et à la nature. Les collectifs de jardins familiaux issus des jardins ouvriers sont de petite taille, handicapés par la précarité dans l’usage des sols, par une symbolique de traitement à la marge de la pauvreté, et par l’interdiction de faire évoluer les abris vers des maisonnettes où il serait possible de séjourner les week-ends et les vacances.

 

Les jardins partagés, d’insertion, pédagogiques, thérapeutiques et la nouvelle génération de jardins familiaux constituent un laboratoire à ciel ouvert où s’inventent de nouveaux modèles qui n’atteindront leur pleine signification que par un changement d’échelle. Du point de vue des objectifs du programme GESSOL, il s’agit d’une alternative au modèle pavillonnaire qui aurait le double avantage de contribuer à stopper l’étalement urbain destructeur de sols, et à favoriser une activité jardinière qui, bien conduite, améliore leur fertilité.

 

Nous sommes donc dans une période où la politique publique doit voir loin et grand. Il ne s’agit pas de copier ce qui se fait ailleurs mais d’inventer à partir des expériences du laboratoire à ciel ouvert et des références étrangères. La recherche apporte des éléments montrant qu’il est possible de changer d’échelle quantitative, de reconvertir des sols agricoles au jardinage urbain. Elle recense les informations et propose des orientations pour poursuivre l’institutionnalisation de ce secteur d’activités en surmontant les points aveugles de l’appareil statistique, en créant un nouveau statut des sols jardiniers actuels et potentiels, en encourageant la structuration des acteurs et de nouvelles solidarités entre l’urbain et le rural, en modifiant les calculs économiques de manière à prendre en compte les services non marchands (notamment en termes d’économie de la santé et des loisirs) pour évaluer l’importance potentielle de ce secteur d’activité dans l’économie nationale.

   

Mots clés : Agriculture urbaine – Brésil – Défi urbain - France - Jardins – Multifonctionnalité - Russie

​

​

Summary

The report presents the results of the research program entitled “The use of urban and suburban soils for sustainable development of cities”. This program follows upon a project submitted by Louiza Boukharaeva and Marcel Marloie further to the call for proposals GESSOL 3 “Soils and sustainable development” of 25/09/2008. It was the object of an agreement signed in September, 2009 by the Ministry of Ecology, Energy, Sustainable Development and the Sea (MEEDDM) and the Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH).

 
The research aims to develop proposals for use of urban and suburban soils in order to be more sustainable on the social and environmental plan than currently dominant practices in France, particularly the suburban model.

 

 

It bears centrally on the study of collective urban gardening of Russia and France, and to a lesser extent in other countries of the European Union and Brazil. This sector of activity is approached from the theory of urban agriculture. It is historically contextualized and put in touch with the problems of unequal access to urban soils and nature, the environment, poverty and urban violence. It is processed in order to estimate its size and its functions. The Russian example serves as a mirror to read French and West European reality. It encourages reflection on the limitations of the current injunction: "build the city on the city", which aims to fight against the urban sprawl, but may increase the problems of inequality, poverty and urban violence.

 

Research in Russia show that the sector affects between half and two-thirds of the citizens and fills multiple functions: food, holiday resort, extension of the urban habitat, fender crisis and strengthening social resilience. This is not a legacy of the rural past or a singularity of the Soviet regime, condemned to disappear with it, but a social conquest and the invention of a specific model of the relationship between citizen and nature.


With regard to this phenomenon, France appears marked by profound inequalities in the access to urban soils and nature. The collectives of family gardens stemming from workers allotment gardens are small, disadvantaged by insecurity in land use, by a symbolic treatment of the margin of poverty, and the prohibition to evolve towards shelter houses where it would be possible to stay on weekends and holidays.

 

The shared gardens, of insertion, educational, therapeutic, and the new generation of family gardens are an open-air laboratory where invent new models that will reach their full meaning only by a change of scale. From the point of view of the objectives of GESSOL program, it is an alternative to suburban model that would have the double advantage of helping to stop the destructive soil sprawl and promote a garden activity who, properly driving, improves their fertility.

 

So we are in a period where public policy should see far and wide. It is not a question of copying what is made somewhere else but invent from the open-air laboratory and of the foreign references. The research brings elements showing that it is possible to change the quantitative scale to convert agricultural land to urban gardening. It identifies information and provide guidance for further institutionalization of this sector in overcoming blind spots of the statistical device, creating a new status of soils and potential gardeners, encouraging structuring actors and new solidarity between urban and rural, changing economic calculations to take into account non-market services (particularly in terms of health economics and recreation ) to assess the potential importance of this sector of activity in the national economy.


Keywords : Urban Agriculture - Brazil - Urban Challenge - France - Gardens - Multifunctional – Russia

​

​

Propositions issues de la recherche 


Que :

​

1. le législateur :


a. garantisse aux sols des collectifs de jardins un usage du même ordre que celui accordé depuis 1945 aux sols agricoles ;
b. permette le séjour sur les parcelles lors des week-ends et des vacances ; prenne en même temps les mesures évitant une transformation de ces collectifs en nouvelles zones pavillonnaires ;
c. favorise le développement de l’acteur urbain de travail des sols ; remplace l’assistanat par l’auto prise en charge ; permette à cet acteur devra avoir un poids effectif dans les décisions d’aménagement des territoires et l’affectation des sols ;

 

2. les autorités territoriales favorisent davantage la réaffectation des délaissés urbains et de certains sols agricoles en collectifs de jardins ;
 

3. le ministère de la Ville inclut le développement des collectifs de jardins dans le traitement de la violence et de la pauvreté urbaine ;
 

4. le ministère de l’éducation nationale renforce l’éducation à la vie des sols et au jardinage, et encourage la création de jardins de taille suffisante dans l’enceinte des établissements scolaires ;
 

5. l’INSEE répertorie le jardinage urbain, inclut dans le calcul du PIB les services qu’il rend à la société, distingue le rural et l’urbain dans les enquêtes sur les modes de vie et l’habitat.

​

​

bottom of page